Aspects pharmacologiques et cliniques des médicaments anorexiants.

 

Dr Jean MALAK

CUNIG JUIN 1997.

 

I. Introduction

 

Les médicaments modulateurs du comportement alimentaire, comme beaucoup de substances psychotropes, font l’objet de critiques régulières de la part du monde médical ou du Ministère de la Santé Publique.

 De nombreux médecins refusent de prescrire des anorexigènes et parfois les pharmaciens émettent un doute concernant la sécurité d’une prescription à visée amaigrissante.

Cette attitude négative trouve son origine dans plusieurs événements graves liés à leur mode d’utilisation depuis la guerre 40-45 jusqu’à nos jours.

 L’usage d’amphétamine par les pilotes d’avion bombardier pendant la dernière guerre mondiale a contribué à sa diffusion et son utilisation abusive engendrant des toxicomanies.

 L’association d’anorexigènes aux hormones thyroïdiennes a provoqué des décès. La cardiotoxicité des hormones thyroïdiennes en est seule responsable mais le discrédit s’est reporté également sur les médicaments anorexigènes.

En 1967, l'aminorex, un anorexigène mis sur le marché un an auparavant, provoque l'apparition de trois cents cas d'hypertension artérielle pulmonaire en Europe et est rapidement retiré de la vente.

L’image de marque des anorexiants s’était quelque peu redressée avec la découverte des fenfluramines.

Mais aujourd’hui, des effets secondaires graves sont rapportés suite à l’utilisation des fenfluramines : hypertension artérielle pulmonaire et fibrose valvulaire cardiaque.

La fenfluramine est en plus clastogène in vivo à dose thérapeutique chez la souris. La neurotoxicité de la (dex)fenfluramine a été démontrée chez l'animal.

 Trente cas d’insuffisance aortique valvulaire ont été rapportés au Centre Belge de Pharmacovigilance suite à l’information diffusée par la Société Belge de Médecine Esthétique et cinquante cas répertoriés aux Etats Unis.

Depuis septembre 1997, les sociétés qui commercialisaient les fenfluramines ont retiré leurs produits du marché.

L’Agence du Médicament, en France, a restreint l’utilisation de tous les anorexigènes à l’usage hospitalier.

 Paradoxalement, la F.D.A. qui redoutait la neurotoxicité de la fenfluramine, a autorisé en 1996 la mise sur le marché de la dexfenfluramine. Cette attitude aurait été justifiée par un rapport efficacité/toxicité favorable dans un pays où la morbidité liée à l’obésité ne cesse de s’accroître.

 Malgré les recherches importantes consacrées à la physiopathologie de l'obésité et à l’étude de ses mécanismes moléculaires, la pharmacologie du traitement de cette maladie reste limitée à quelques molécules.

 Les Américains ne sont pas sur le point de les abandonner et une nouvelle molécule sera prochainement mise sur le marché : la sibutramine

La sibutramine est un inhibiteur de la recapture de la sérotonine et de la noradrénaline. Néanmoins, sa structure chimique fait apparaître un radical parachlorophényle que l'on retrouve dans le cloforex ,la chlorphentermine et la chloroamphétamine qui sont de très puissants libérateurs de sérotonine et engendrent des effets secondaires graves.

 A l'heure actuelle, seuls le diéthylpropion et la phentermine n'engendrent pas d'effets secondaires importants ou graves.

L'importante expérience clinique acquise au cours des années avec le diéthylpropion (1962) et la phentermine (1952) confirme que ces deux molécules peuvent être utilisées en cures répétées dans le traitement de l'obésité à long terme.

 

II . La neurotransmission et ses médiateurs.

1. Acétylcholine

    L'acétylcholine accroît les réflexes médullaires polysynaptiques par action sur les interneurones.

    EIle provoque la libération de l'hormone antidiurétique, d'ACTH, de FSH et de LH.

    Appliquée sur le cortex cérébral, elle provoque des convulsions.

    Les cholinomimétiques diminuent la réponse aux stimuli nociceptifs par action sur les régions thalamiques et mésencéphaliques. L'administration de cholinomimétiques dans la substance réticulée mésencéphalique provoque les symptômes du parkinsonisme : tremblements, rigidité. acinésie, sialorrhée. Injectés dans l'hippocampe, les cholinomimétiques provoquent des convulsions.

    L’amphétamine accroît la libération d'acétylcholine par le cortex cérébral.

2. Noradrénaline

    Elle provoque la sédation qu'antagonisent les alpha-adrénolytiques.

    Le tracé électroencéphalographique est formé d'ondes lentes de voltage élevé. La présence de récepteurs adrénergiques sédatifs est ainsi démontrée.

     

    Par contre, l'amphétamine libère les catécholamines et désynchronise l'EEG par

    action sur la substance réticulée. Il est donc possible que les catécholamines

    possèdent une double action stimulante et sédative ou que l'action de

    l'amphétamine soit due à la libération de dopamine, démontrée stimulante.

    La température corporelle dépendrait de la balance entre noradrénaline,

    5-hydroxytryptamine et acétylcholine au niveau de l'hypothalamus antérieur.

     

    Des systèmes noradrénergiques sont impliqués dans la prise de nourriture : l'injection de noradrénaline dans l'hypothalamus du rat provoque la prise de nourriture. Au contraire, l'administration parentérale d'amphétamine, supposée libérer la noradrénaline, inhibe la prise de nourriture. Les études récentes semblent montrer que l'action anorexiante de l'amphétamine n'est pas liée à la libération de noradrénaline, mais peut-être à celle de dopamine, expliquant la divergence.

     

    Des systèmes noradrénergiques jouent un rôle dans l'action antinociceptive (analgésique). Les substances sympathomimétiques, en particulier les agents alpha-sympathomimétiques dérivés de la clonidine ainsi que l’amphétamine sont analgésiques.

     

    3. Dopamine

    Les méthodes histochimiques ont permis de mettre en évidence plusieurs systèmes dopaminergiques centraux : le système nigro-néostrié, le système méso-limbique, le système méso-cortical et le système tubéro-infundibulaire.

     Les corps striés sont très riches en dopamine (10 µg par g), mais la concentration, de celle-ci est considérablement diminuée chez les parkinsoniens. On a donc attribué ce syndrome à la dégénérescence des neurones dopaminergiques, conséquence elle-même de la dégénérescence du locus niger.

    L’excitation de ce système, par activation des récepteurs (injection locale de

    dopamine, particulièrement après un inhibiteur de la monoaminoxydase, apomorphine, piribédil, administration du précurseur, la L-dopa) ou par libération de dopamine (amphétamine) provoque, chez l'animal, des stéréotypies alimentaire : reniflements, lèchements, mâchonnements. Ces stéréotypies sont abolies par le bloc des récepteurs dopaminergiques.Les corps cellulaires des neurones du faisceau méso-limbique sont situés dans l’aire dorsale (Aire A8) et l’aire ventrale (A10) de la formation réticulaire mésencéphalique. L’hyperactivité provoquée par l’amphétamine dépendrait de la libération de dopamine dans ce noyau.Les corps cellulaires du système tubéro-infundibulaire (A12) se trouvent dans l’hypothalamus et les terminaisons innervent l’éminence médiane. Ils inhibent la sécrétion de prolactine. Les neuroleptiques, au contraire, l’accroissent.

    4. Sérotonine

    Au niveau périphérique, la 5-hydroxytryptamine est présente dans les plaquettes sanguines et on a supposé qu'elle réduisait le temps de saignement. Elle joue un rôle dans la motilité intestinale et possède une action antidiurétique. Elle intervient dans les processus inflammatoires et est dotée de puissantes activités mitogéniques sur de nombreuses lignées cellulaires. On la rencontre aussi avec l'histamine dans les mastocytes.

     Au niveau du système nerveux central, le fait que la lysergamide (LSD 25), puissant antagoniste de la 5-hydroxytryptamine, provoque des troubles psychiques, a conduit à penser que cette amine est indispensable au maintien de l'activité psychique normale.

     La 5-hydroxytryptamine est présente dans l'encéphale et la méthode d'histofluorescence a mis en évidence des neurones contenant l'amine dans les granules. Ces neurones contenant la 5-hydroxytryptamine sont rassemblés dans les noyaux du raphé médian bulbaires, pontiques et mésencéphaliques. Les axones se distribuent vers le lobe limbique et le néocortex.

    Des faisceaux bulbo-spinaux se terminent dans les cornes intermédio-latérales de la moelle.

     La méthode de micro-iontophorèse a montré la présence dans l'encéphale de neurones sensibles à la 5-hydroxytryptamine étant soit inhibés, soit excités par l'amine.

     La réserpine provoque une chute de la concentration en 5-hydroxytryptamine et en catécholamines dans l'encéphale. La sédation a d'abord été rapportée à l'action de la 5-hydroxytryptamine libérée sur les récepteurs, puis à la déplétion. Toutefois le 5-hydroxytryptophane, seul susceptible de passer dans l'encéphale, n'antagonise la sédation qu'après inhibition de la monoaminoxydase, contrairement à la L-dopa. La sédation est plus volontiers rapportée aujourd'hui à la déplétion en dopamine.

    Toutefois pour la sédation provoquée par I'alpha-méthyldopa, la corrélation est meilleure avec la déplétion en 5-hydroxytryptamine qu'avec la déplétion en catécholamines.

     L'imipramine et la clomipramine inhibent le recaptage de la 5-hydroxytryptamine par les neurones, accroissant la concentration de l'amine au niveau des récepteurs. On attribue les actions de ces dérivés sur l'humeur des déprimés à ce phénomène, tandis que l'inhibition du recaptage de la noradrénaline, prédominant dans la désipramine, serait responsable de l'augmentation de l'initiative motrice.

    La stimulation des noyaux du raphé médian provoque le sommeil lent, tandis que leur destruction fait disparaître le sommeil. Ces noyaux sont formés de cellules contenant la 5-hydroxytryptamine : la stimulation provoque une diminution de l'amine dans l'encéphale et une augmentation du métabolite, l'acide 5-hydroxyindolacétique, interprétées comme une augmentation de l'utilisation. Par contre, la destruction provoque une déplétion des deux corps consécutive à la dégénérescence.

    Des présomptions pharmacologiques viennent à l'appui de cette hypothèse. Le 5-hydroxytryptophane, la diminution de l'inactivation de la 5-hydroxytryptamine par les inhibiteurs de la monoaminoxydase, ou par l'imipramine provoquent la sédation. Par contre, le bloc des récepteurs par le méthysergide ou l'inhibition de la synthèse par la p-chlorophénylalanine rendent l'animal insomniaque.

    Feldberg et Myers ont attribué un rôle à la 5-hydroxytryptamine dans la régulation de la température. Injectée dans le ventricule latéral ou dans l'hypothalamus antérieur, elle provoque, au moins chez certaines espèces animales, l'hyperthermie. La 5-6-dihydroxytryptamine abaisse la température rectale du rat, ce qui apporte une évidence supplémentaire pour ce phénomène. La 5-hydroxytryptamine a donc l'effet inverse de la noradrénaline. L'équilibre entre 5-hydroxytryptamine, noradrénaline et acétylcholine réglerait la température au niveau de l'hypothalamus antérieur.

     Des voies tryptaminergiques jouent un rôle dans la perception de la douleur et dans l'action antinociceptive de la morphine. L'inhibition de la synthèse de la 5-hydroxytryptamine par la parachlorophénylalanine abaisse le seuil de perception à la douleur et diminue les actions analgésiques de la morphine. Inversement, le 5-hydroxytryptophane accroît le seuil de perception à la douleur et l'action analgésique de la morphine.

    Les points d'action semblent multiples : en effet, la destruction électrolytique des noyaux sérotoninergiques du raphé médian inhibe les effets analgésiques de la morphine.

    En outre, la destruction des voies sérotoninergiques descendantes par injections dans les cavités cérébrales de 5-6-dihydroxytryptamine provoque spécifiquement la diminution de la concentration de 5-hydroxytryptamine dans la moelle épinière et inhibe l'action analgésique de la morphine.

    Les morphinorécepteurs et la 5-hydroxytryptamine sont localisés dans la substance gélatineuse de Rolando de la moelle épinière où se trouvent des neurones accroissant leur fréquence de décharges par stimulation nociceptive et la réduisant après l'administration de morphine, et situés dans les couches IV et V de Rexed de la moelle épinière.

    La stimulation de certaines régions du tronc cérébral (substance grise périacqueducale chez le rat, noyaux sérotoninergiques dorsal et caudal du raphé médian chez le chat) produit un état d'analgésie intense sans autre trouble du comportement. La nalorphine antagonise cette analgésie, peut-être par antagonisme avec l'enképhaline; cet état diminue par stimulations répétées (tolérance) et l'analgésie peut être rétablie par le 5-hydroxytryptophane.

    Des connexions descendantes 5-hydroxytryptaminergiques entre les noyaux dorsal et caudal, et des voies descendantes à partir du noyau caudal, semblent impliquées dans la perception de la douleur. Elles contrôlent la décharge des cellules des couches IV et V de Rexed, qui sont peut-être aussi inhibées par des interneurones médullaires sérotoninergiques.

     Les voies 5-hydroxytryptaminergiques interviennent probablement dans le syndrome parkinsonien. Au cours de ce syndrome, on constate une diminution de la concentration en 5-hydroxytryptamine dans les noyaux gris centraux.

     La L-dopa diminue la concentration en 5-hydroxytryptamine dans les noyaux gris centraux et toute diminution de cette concentration améliore le syndrome parkinsonien. Le l-tryptophane et le 5-hydroxytryptophane aggravent le syndrome parkinsonien.

     Les systèmes 5-hydroxytryptaminergiques semblent impliqués dans l'agressivité. La déplétion en 5-hydroxytryptamine par la p-chlorophénylalanine ou la 5,6-dihydroxytryptamine accroissent l'agressivité (facilité de certaines races de rats à tuer les souris). L'effet est inhibé par l'administration de 5-hydroxytryptophane ou de tryptophane.

     La déplétion en 5-hydroxytryptamine par la p-chlorophénylalanine ou l'administration intraventriculaire de 5,6-dihydroxytryptamine accroît l'activité sexuelle du rat et provoque même l'homosexualité. Cet effet est inhibé par le tryptophane ou le 5-hydroxytryptophane, augmentant la teneur en 5-hydroxytryptamine du cerveau.

     La 5-hydroxytryptamine semble impliquée dans la prise de nourriture. En effet certains anorexigènes, telle la fenfluramine, provoquent une libération de 5-hydroxytryptamine dans l'encéphale et peuvent stimuler les récepteurs tryptaminergiques. L'effet est antagonisé par certaines doses de clomipramine ou d'antagonistes de la 5-hydroxytryptamine.

    La 5-hydroxytryptamine semble impliquée dans l'appétence à l'alcool. Toute diminution de la teneur cérébrale en 5-hydroxytryptamine cérébrale (p-chlorophénylalanine, fenfluramine) diminue l'appétence à l'alcool chez le rat et l'homme.

    La chute de la 5-hydroxytryptamine cérébrale facilite les réflexes conditionnés d'évitement.

    Les voies 5-hydroxytryptaminergiques contrôlent aussi la sécrétion des hormones hypophysaires. Leur activation réduit la libération de FSH, LH et ACTH et augmente celle de prolactine. Paradoxalement, la déplétion inhibe l'ovulation.

     La 5-hydroxytryptamine cérébrale pourrait empêcher les convulsions. Sa déplétion diminue le seuil des convulsions.

     La 5-hydroxytryptamine est aussi impliquée dans la régulation centrale de la pression artérielle. L'injection intracérébroventriculaire ou intracisternale de 5-hydroxytryptamine diminue la pression artérielle et la fréquence cardiaque. Après inhibition de la monoaminoxydase ou administration d'un inhibiteur de la décarboxylase périphérique, le 5-hydroxytryptophane provoque une chute importante de la pression artérielle. Les voies tryptaminergiques bulbo-spinales inhibent l'activité des neurones sympathiques préganglionnaires.

     

    5. Tryptamine

     La tryptamine a été retrouvée dans l'encéphale. Par injection intraveineuse, elle provoque chez l'animal stéréotypies (head-twitching) et convulsions. Son dérivé, la diméthyltryptamine est un hallucinogène puissant chez l'homme. L'enzyme méthylante existe dans le cerveau des mammifères et la diméthyltryptamine a été retrouvée chez certains schizophrènes. Il est donc possible qu'elle soit impliquée dans les hallucinations de cette maladie.

     

    6. Glycine et acide gaba-aminobutyrique

     Ce sont des médiateurs inhibiteurs du système nerveux central.

 

    7. Acides glutamique et aspartique

    L'application microiontophorétique de glutamate ou d'aspartate à de nombreuses cellules du système nerveux central provoque leur décharge. Le glutamate a été considéré comme le médiateur excitant par certains.

    Certaines substances miment les actions de l'acide glutamique sur les neurones. Il en est ainsi de l'acide kaïnique, un antilhelmique. Les actions de cette substance sont complexes. Après avoir excité les récepteurs glutaminergiques, il détruit les neurones gabaergiques et cholinergiques.

     

    8. Histamine

    L'histamine pourrait être un neuromédiateur du système nerveux central.

    La concentration est particulièrement élevée dans l'hypothalamus. Elle est présente dans les mastocytes et, en faible quantité, dans les vésicules des synaptosomes. Des drogues psychotropes affectent sa concentration. De faibles doses de réserpine provoquent la libération d’un stock différent de celui affecté par le 48/80 (mastocytes). La chlorpromazine accroît la concentration en inhibant la méthylation, principale voie du catabolisme cérébral. Des lésions du faisceau médian du télencéphale diminuent la concentration d'histamine et d'histidine décarboxylase dans le cortex.

    On a suggéré que des neurones histaminergiques seraient avec les neurones noradrénergiques et 5-hydroxytryptaminergiques, des constituants du faisceau médian du télencéphale. Par microiontophorèse, il a été montré que l'histamine hyperpolarise et déprime les neurones réticulaires bulbaires, action non inhibée par la strychnine, antagoniste de la glycine, ou la bicuculline, antagoniste du GABA; le 3'5'-AMP cyclique mime les actions de l'histamine. Par contre, l'histamine excite les neurones hypothalamiques. Par injection dans le ventricule latéral, l'histamine provoque une série de perturbations : diminution de l'activité motrice, relaxation musculaire, grattage, lèchement, salivation, vomissement, défécation, miction. Elle libère l'hormone antidiurétique et élève la pression artérielle par action sur l'hypothalamus.

    Certaines actions relèvent d'une activation de récepteurs H1. L'histamine accroît la durée du sommeil provoqué par les hypnotiques et déprime les réflexes conditionnés.

     

  1. Enképhalines et endorphines
  2. Les actions analgésiques de la morphine, sont liées à des sites de liaisons spécifiques des morphinomimétiques dans le système nerveux central.

    Les enképhalines et les endorphines sont des polypeptides présentant des propriétés morphinomimétiques. Elles agissent en diminuant la libération d'acéthylcholine et de noradrénaline respectivement des fibres cholinergiques et noradrénergiques.

    Au niveau de la moelle épinière, la transmission synaptique entre les fibres de la douleur et les neurones de premier ordre dans les couches V et VII de Rexed paraît être assurée par la substance P. Des neurones courts enképhalinergiques inhiberaient la libération de substance P.

     

  3. Substance P.

    La substance P apparaît comme un neurotransmetteur important dans certains neurones du système nerveux central.

    Elle est probablement le neuromédiateur des axones terminaux des afférents primaires de la douleur (fibres A8 et C) dans la corne dorsale de la moelle épinière. Sa concentration est élevée à cet endroit. Elle provoque une excitation puissante des neurones spinaux nociceptifs. Elle accroît la réponse des neurones à une stimulation nociceptive. La stimulation des racines dorsales de la moelle épinière

    provoque la libération de substance P. Des neurones enképhalinergiques réduisent la libération de substance P. Les morphinomimétiques agiraient par ce mécanisme et leurs effets analgésiques seraient, dus à cette action.

    La substance P serait un des neuromédiateurs de Ia boucle de rétroaction nigro-néostriée.

     

III. Classification des substances anorexigènes.

 

1. Définition.

Le terme anorexigène ne correspond pas à la réalité thérapeutique. Ces médicaments ne génèrent évidemment pas l’anorexie mais une diminution de la prise de nourriture soit par une réduction de la faim ou par une augmentation de la satiété. Il serait donc plus logique d’utiliser le terme soit de réducteur d’appétit soit de satiétogène dont la résultante est l’hyporexie. Le terme hyporexiant semble le mieux adapté.

 

2. Classification.

Depuis la découverte de l’effet réducteur d’appétit de l’amphétamine, toutes les substances qui ont une structure chimique du type phénylléthylamine ont été appelées à tort dérivés d’amphétamine (amphétamine-like).

Seules les molécules dérivées directement de l'amphétamine et substituées sur l’azote primaire peuvent être métabolisées en amphétamine.

Ex. Adiparthol = N –éthylamphétamine à in vivo : amphétamine.

 Les substances hyporexiantes classiques vendues en Belgique, comme le diéthylpropion, la phentermine par exemple ne sont pas métabolisées en amphétamine.

 En outre, depuis l’apparition de la fenfluramine, cette appellation « dérivé d’amphétamine »a été revue puisque cette molécule est admise comme étant un sérotoninergique c’est-à-dire capable d’interférer sur de nombreux sites moléculaires d’action de la sérotonine (libération, recapture, transport, inhibition enzymatique, agonisme et antagonisme des différents récepteurs à la sérotonine…)

 Cette différence d’action de la fenfluramine a donné naissance à deux classes distinctes «d’anorexiants», les sérotoninergiques d’une part et les sympathicomimétiques d'autre part.
Cette classification est encore arbitraire puisque certaines molécules comme le mazindole et la sibutramine sont à la fois considérées comme sérotoninergiques et noradrénergiques.

 

La notion de «sympathicomimétique » trouve son origine à deux niveaux :

 

1°) l’amphétamine est métabolisée en parahydroxyamphétamine elle-même biotransformée en parahydroxynoréphédrine. Leurs effets métaboliques consistent en une augmentation de la concentration de la noradrénaline et de la normétanefrine dans la fente synaptique, en empêchant le recaptage axonal du neuromédiateur ou en inhibant la monoaminoxydase.

Ce sont des sympathicomimétiques indirects capables d’induire hypertension artérielle, stimulation cardiaque, mydriase, relaxation intestinale et hyperglycémie. Certains sympathicomimétiques indirects, comme l’amphétamine ou l’éphédrine sont sujets à la tachyphylaxie. C’est-à-dire à une diminution rapide des effets sympaticomimétiques avec la répétition des administrations.

Cependant, il faut noter que la tachyphylaxie n’est pas décrite pour les anorexiants de troisième génération (diéthylpropion, phentermine) ou de quatrième génération (fenfluramine, (dex)fenfluramine et fluoxétine).

La phentermine et le diéthylpropion ne génèrent que très peu de métabolites hydroxylés actifs susceptibles de produire un effet adrénergique direct voire même indirect. L'appellation "noradrénergique" pour ces deux dernières substances ne semble donc pas fondée.

 

2°) Tous les anorexiants sont à des degrés divers des inhibiteurs de la recapture de la noradrénaline et des inhibiteurs potentiels des monoaminoxidases.

Cependant, il est important de constater que ce sont également des inhibiteurs de la recapture de la dopamine précurseur de la noradrénaline. Il apparaît de plus en plus que c’est au travers de la dopamine que s’exerce l’activité anorexiante de tous les réducteurs d’appétit, de l’amphétamine à la fenfluramine.

 Un exemple est le paradoxe de la fenfluramine. Il est couramment admis que la fenfluramine est un sérotoninergique.

Cette molécule est décrite comme étant un inhibiteur de la recapture de la sérotonine et un puissant libérateur de sérotonine.

Cette action de la fenfluramine n’est pourtant pas élective à la sérotonine. La fenfluramine provoque également une inhibition de la recapture de la noradrénaline et de la dopamine.

Cette situation n’est pas paradoxale en soi mais elle n’est pas suffisamment connue. Là où le paradoxe se situe, est la diminution progressive sous fenfluramine de la sérotoninémie et surtout de l’absence de modification dans l'hypothalamus des rapports 5-HT/HIAA et noradrénaline/métanéphrine avec augmentation du rapport DOPA/DOPAC.

Ce qui signifie en clair que la fenfluramine tout en interférant puissamment sur le système sérotoninergique, trouverait son action anorexiante, selon une étude récente, dans le système dopaminergique. Ce qui est à mettre en rapport avec les premières constatations faites avec l’action anorexiante de la dopamine et non pas de l’adrénaline dans les préliminaires de cet exposé mais aussi avec l’effet amaigrissant des traitements à la L DOPA (cfr exposé psychopharmacologie du Dr Dufrasne au CUNIG).

Cet exemple illustre la complexité des mécanismes pharmacologiques que peut engendrer une molécule leurre et de l’interprétation évolutive que l’on doit lui réserver.

En outre, un neurotransmetteur physiologique, base matérielle moléculaire simple et évidente d’activation de système biologique peut engendrer des effets différents et parfois opposés selon le type de cellule ou la région cérébrale étudiée.

 En première conclusion, il apparaît que les anorexiants ne soient pas d'une part strictement des sympathicomimétiques ou des substances noradrénergiques et d'autre part des sérotoninergiques purs.

 En outre, l’action centrale d’un neurotransmetteur ne doit pas faire oublier que cette même molécule peut avoir des effets métaboliques périphériques, par exemple au niveau lipolytiques pour les récepteurs B adrénergiques ou mitogénétique pour certains récepteurs à la sérotonine.

 

3.Structure chimique des anorexiants

 

Les anorexiants sont actuellement classés en deux catégories : les sérotoninergiques et les sympathicomimétiques.

 

Cfr tableau.

 

Commentaires du tableau

 

  1. Les sérotoninergiques

 

    Les sérotoninergiques présentent un double cycle porteur d'une fonction amine libre par l'intermédiaire d'un radical éthyle.

  1. pour la sérotonine, ce double cycle est un noyau indole.
  2. pour la chloroamphétamine, un atome de chlore remplace le cycle benzénique de la sérotonine. Un atome de chlore, possédant six électrons libres équivaut pharmacologiquement à un noyau benzénique. La chloroamphétamine n’est pas un médicament mais un outil pharmacologique destiné à étudier les cellules sérotoninergiques. A très faible dose, c’est le plus puissant libérateur de sérotonine, à dose plus élévée il interfère tellement sur le métabolisme de la sérotonine qu’il détruit les cellules sérotoninergiques, par exemple les cellules hypothalamiques ou les cellules tubulaires rénales proximales productrices de sérotonine.
  3. pour la para-chlorophénylalanine, la seule adjonction d’un atome de chlore rend cet acide aminé sérotoninergique. Employé expérimentalement dans les tumeurs carcinoïdes, il s’est avéré toxique.
  4. l’aminorex est la molécule vedette responsable d’hypertension artérielle pulmonaire. Elle représente la bouteille à encre de cette pathologie vasculaire proliférative.
  5. L’aminorex est le résultat de la cyclisation de la phénylpropanolamine. Mis sur le marché en Suisse, en Allemagne et en Autriche en 1966, l’aminorex provoqua l’apparition de 300 cas d’hypertension artérielle pulmonaire en moins de deux ans. Il fut retiré du marché et tous les anorexiants en prirent pour leur grade. A cette époque, les études expérimentales sur l’animal furent décevantes. L’étiopathologie de l’hypertension artérielle induite par l’aminorex est actuellement suggérée par son action libératrice de sérotonine en périphérie et non pas en temps que vasoconstricteur mais en qualité de mitogène. L’action mitogénique de la sérotonine n’est connue que depuis peu et des études récentes démontrent qu’elle est capable d’activer l’oncogène ras et d’induire dans des cultures cellulaires des foyers néoplasiques.

  6. la chlorophentermine fut commercialisée par les laboratoires Lundbeck et engendre la même pathologie que l’aminorex. Aucune publication n’est obtenable auprès de la dite société. Cependant la comparaison entre la chlorophentermine et la phentermine démontre clairement que la molécule parachlorée est puissamment libératrice de sérotonine par les plaquettes alors que la chlorophentermine ne l’est que très faiblement jusque 5 mg/kg.
  7. la classification des anorexigènes sérotoninergiques a été suggérée à juste titre par les laboratoires Servier après la commercialisation de la fenfluramine. Cette molécule se différenciait ainsi des dérivés dits "amphétaminiques". La fenfluramine se différencie de l’amphétamine par le fait que sa fonction amine est substituée. Cependant, c’est son métabolite la norfenfuramine qui s’avère actif. La fenfluramine se distingue encore de l’amphétamine par son radical trifluorométhyle en méta sur le noyau benzénique. Cette substitution trifluorométhyle mime l’action d’un atome de chlore d’une manière « plus plastique » au travers d’une rotation atomique rendue possible par une liaison carbone de type SP3.
  8. C’est ce type de substitution que présente la fluoxétine (Prozac). Celui-ci bien que présentant une action anorexigène et sérotoninergique bien connue, se distincte de la fenfluramine par une substitution plus complexe sur l’azote devenu central. Il n’entre pas dans le cadre de cet exposé de décrire l’apport biopharmacologique de cette substitution mais il faut dire que son action libératrice de sérotonine est bien limitée à un plafond, sous le rétro-contrôle du neurone (démontré par la tétrodotoxine). A titre de comparaison simplifiée, ce potentiel libérateur de sérotonine par la fluoxétine est cent fois moins moindre que pour la chloroamphétamine et dix fois moindre que pour la fenfluramine.

 

  1. Les sympathicomimétiques

     La deuxième classe d’anorexiants est représentée par les dérivés sympathicomimétiques.

 

  1. l’amphétamine en est la « molécule de base ». Le terme amphétamine signifie alpha-méthyl-phényl-éthyl-amine. Elle constitue indéniablement le dérivé alpha méthylé de la phényléthylamine neurotransmetteur dont l’intérêt scientifique devient de plus en plus grand. L’amphétamine est donc structurellement un dérivé de la phényléthylamine.
  2. Tous les anorexiants repris dans cette catégorie pourraient être dénommés : phénéthaminergiques.
  3. Il apparaît donc intéressant d’essayer de démontrer que l’action pharmacologique de ces substances pourrait être liée à l’action anorexiante d’un neurotransmetteur naturel, la phényléthylamine.

    L’amphétamine est proscrite actuellement dans le traitement de l’obésité. Elle engendre une toxicomanie et possède des effets hallucinogènes qui sont attribués à la stimulation des récepteurs sérotoninergiques HT2. Toutes les phénylisopropylamines sont susceptibles d’engendrer des effets hallucinogènes. La fenfluramine en début de traitement peu provoquer confusion, délire et hallucination.

  4. La N-Ethylaphétamine subit le même sort prescritif que l’amphétamine. En effet, elle est métabolisée en amphétamine. La fonction amine secondaire est remplacée par une fonction amine primaire.
  5. Le diéthylpropion, dont il sera longuement discuté par la suite présente deux caractéristiques majeures : ce n’est plus une phénylisopropylamine mais une propiophénone et sa fonction amine est de type tertiaire. Le diéthylpropion n’engendre pas au travers de sa métabolisation complexe de substance amphétamine like. C’est aujourd’hui avec la phentermine une molécule sûre et efficace dans le traitement de l’obésité.
  6. La phentermine n’est pas une phénylisopropyl amine mais une isobutylamine. Comme pour le diéthylpropion, cela lui confère de ne jamais engendrer l’amphétamine au cours de sa métabolisation.
  7. La chlorotermine n’est pas connue en Belgique mais est présentée ici pour démontrer que la position d’un chlore en ortho sur le noyau benzénique ne confère pas l’activité sérotoninergique.
  8. Le fenproporex commercialisé notamment en France est susceptible d’effet amphétaminique.
  9. La sélégiline ou L-Depryl est un antiparkinsonien de la dernière génération. C’est un inhibiteur de la mono-amine oxydase B et un inhibiteur de la recapture sélectif de la dopamine et de la phényléthylamine. Il possède des propriétés neuroprotectrices ce qui est rassurant à une époque où certains psychotropes sont accusés de provoquer des dégénérences axonales. Si la sélégine est citée ici, c’est pour deux raisons. La première est qu’elle peut engendrer l’amphétamine mais dans des proportions très faibles ou nulles en raison de sa métabolisation complexe. La fonction amine tertiaire devra d’abord être biotransformée en amine secondaire puis en amine primaire. Le glucoronoconjugaison s’opérant en parallèle, l’éventualité d’un risque amphétaminique n’est pas retenue.

    La deuxième raison de parler de la sélégine c’est de pouvoir explorer le système phénéthaminergique.

     

IV. La Phényléthylamine.

 

1. Synthèse, distribution et métabolisme.

 

Suspectée au départ d’être un faux neurotransmetteur, la phényléthylamine (PEA) est distribuée de manière hétérogène dans diverses régions cérébrales.

Sa concentration tissulaire est inférieure à 10 µg/gr ce qui est très faible en comparaison des autres amines biogènes dont les taux varient de 100 à 5.000 µg/gr.

La demi-vie de la PEA est d’environ 10 minutes. Celle des cathécolamines est de 2 à 14 heures.

La PEA endogène est formée à partir de la décarboxylation de la phénylalanine. Elle est présente dans tous les neurones cathécolaminergiques. Elle peut être stockée dans les granules synaptiques et libérée par dépolarisation de la membrane axonale.

La PEA est fortement liposoluble et traverse aisément la barrière hématoméningée, ce qui signifie que le pool périphérique de PEA est en équilibre avec le pool cérébral.

La PEA est rapidement métabolisée par la monoaminoxydase B et l’aldéhyde déshydrogénase en acide phénylacétique (PAA). Une faible partie peut encore être transformée en phényléthanolamine (cotransmetteur noradrénergique).

 

2. Effets pharmacologiques de la phényléthylamine.

La phényléthylamine est le seul neurotransmetteur parmi les amines endogènes qui puisse provoquer des effets comportementaux à partir d’une administration orale mais à forte dose ou après pré-traitement avec un IMAO B(sélégiline).

Son action amphétaminique comprend des effets sympathicomimétiques et provoque une augmentation de l’activité motrice, des comportements de recherches, des attitudes stéréotypiques, un renforcement de séquences complexes de comportement et des effets anorexigènes.

Les effets anorexigènes centraux apparaissent être médiés en partie par la libération des cathécolamines et en partie par stimulation directe de récepteurs spécifiques.

La PEA augmente les effets excitateurs ou inhibiteurs de la noradrénaline (neuromodulation). L’amphétamine provoque la libération de PEA et augmente sa synthèse. L’administration aiguë ou chronique de marijuana a le même effet. L’éthanol augmente également la PEA cérébrale, probablement en inhibitant la MAO B.

La PEA administrée expérimentalement chez le rat provoque une modification de comportement alimentaire beaucoup plus nuancée et plus longue que l'amphétamine, ce qui signifie que l'amphétamine ne mime qu'une partie de l'action anorexiante de la PEA.

 

3. Etudes thérapeutiques.

L’administration de PEA seule ne produit aucun effet notable chez l’homme.

Chez trois patients présentant des troubles dépressifs majeurs, l’administration de PEA + amitryptiline + IMAO provoqua une nette amélioration chez deux patients alors que la combinaison amitryptiline + IMAO fut sans effet. Les patients notèrent une réduction de l’appétit.

Dans une autre étude, l’association sélégiline + PEA chez 6 sur 10 patients atteints de troubles dépressifs majeurs provoqua une guérison en deux semaines.

Deux études pilotes en double aveugle suggèrent que la sélégiline associée à la phénylétylamine pourraient être un traitement rapide et efficace des épisodes dépressifs aigus.

La phényléthylamine apparaît être un des modulateurs des processus cérébraux qui désert l’énergie physique, émotionnelle et mentale.

Dans le cadre de cet exposé sur les anorexiants, la pharmacologie de la phényléthylamine permet mieux de cerner le mécanisme d’action de ces substances et de remettre en lumière l’importance et la valeur thérapeutique du diéthylpropion et de la phentermine en tant que substances phénéthaminergiques.

La structure moléculaire et les propriétés pharmacologiques du diéthylpropion et de la phentermine suggèrent à la lumière de celles de la phényléthylamine que l’appellation « sympathicomimétique » est trop générale, et que ces anorexiants méritent une place plus ciblée en psychopharmacologie du comportement alimentaire.

La complexité des réactions physiologiques induites par les amines centrales rend la classification d’un leurre chimique arbitraire mais permet de réévaluer son action thérapeutique et donc de reconsidérer son rôle dans l'étude du comportement alimentaire. Cette réévaluation permettra l'élaboration de nouvelles substancespharmacologiques et d'éviter bien des pièges.

La notion efficacité/sécurité du diéthylpropion et de la phentermine, en fonction de leur mécanisme d’action biochimique et de leur importante utilisation clinique, s’avère une étape thérapeutique qui n’a pas encore été franchie.

 

V. Le diéthylpropion

 

  1. Pharmacologie.

 

Le diéthylpropion (DEP) est 6 à 7 fois moins actif sur le SNC que l’amphétamine. C’est un agent anorexiant mais aussi efficace que l'amphétamine à dose thérapeutique respective. L'étude de Walsh (1962) réalisée en ambulatoire démontre que le DEP est même légèrement plus efficace que l'amphétamine.

Le DEP possède une action très faible sur le système cardiovasculaire.

Les doses de DEP nécessaires pour produire une élévation significative de la pression artérielle sont 20 à 50 plus élevées que pour l’amphétamine.

 

2. Toxicologie.

    1°) Toxicité aiguë exprimée en DL 50 (mg/kg)

     

    souris : per os : 385

    i.p. : 167

     

    rat : per os : 400

    i.p. : 280

     

    2°) Toxicité subaiguë et chronique

    La toxicité jusqu’à 79 jours au dixième de la DL 50 n’est pas décelée chez les rats.

    La toxicité chronique chez les rats au quart de la DL 50 pendant 6 mois se manifeste uniquement par une perte de poids en relation avec l’activité pharmacologique du DEP. A plus forte dose et de manière dose dépendante, le DEP provoque une stimulation du SNC et une diminution de l’hémoglobine.

     

    3°) Tératogénicité.

    Chez la souris, le rat et le lapin, on n’observe pas d’effet embryotoxique ou tératogénique.

    Aucune donnée n’est actuellement disponible pour la mutagénicité ou la carcinogénicité du DEP.

     

    3. Pharmacologie clinique.

    Le DEP est utilisé en cures intermittentes en tant qu’anorexiant efficace. La relation dose-efficacité du DEP est difficile à définir mais en général la dose initiale de 75 mg/jour ne sera pas dépassée.

    La perte totale de poids corporel dépend du poids initial et du suivi du régime alimentaire. Une perte de 2 à 3 kg par mois n’est pas inhabituelle.

    Le DEP ne sera pas utilisé plus de 8 semaines plus en raison du risque de tolérance que du risque de dépendance.

    Le DEP a moins d’action sur le SNC que l’amphétamine et donc produit peu d’éveil ou d’effet antifatigue.

    Il n’existe pas de stimulation respiratoire, d’analgésie ou de modification métabolique aux doses habituelles.

    Le DEP à la dose orale de 100 mg provoque une augmentation de la pression artérielle diastolique de 10 mm de Hg, 1 à 2 heures après administration.

    Le DEP provoque également de l’insomnie occasionnelle qui n’est pas un problème aux doses normales.

     

    4. Pharmacocinétique

    Le DEP est absorbé à 95% par le tube digestif.

    La demi-vie du DEP et de son métabolite le plus actif est très courte : 1,5 à 2 heures. La demi-vie de l’ensemble de ses métabolites est 10,4 heures.

    Le DEP est excrété dans le lait.

    Il n’y a pas de relation entre les concentrations sanguines et l’effet anorexiant.

    L’élimination du DEP est à 90% urinaire et s’étend sur 30 à 40 heures si l’on considère tous les métabolites du DEP.

    Le DEP subit une métabolisation très importante et douze métabolites sont connus.

    Il est important de constater que la métabolisation du DEP ne génère pas l’amphétamine.

    Le métabolite principal du DEP (une amine secondaire) présent dans le plasma est deux fois plus actif que le DEP.

    Les autres métabolites non glucuronoconjugués contribuent faiblement à l’effet pharmacologique.

     

    5. Métabolisation du DEP

     

    tableau des molécules

     

VI . La phentermine

  1. Absorption et élimination
  2. La phentermine est rapidement absorbée à partir du tube digestif et est excrétée dans l'urine partiellement non métabolisée.

     

  3. Utilisation et administration
  4. Il s'agit essentiellement d'un anorexiant central. La phentermine possède également des propriétés lipolytiques. Elle s'administre par voie orale dans le traitement des obésités modérées ou sévères. La dose habituelle de phentermine est de 15 à 30 mg/jour sous forme de résinate à action prolongée. Elle est également prescrite à la dose de 8 mg, 3 fois par jour ou de 12 mg, 2 fois par jour.

     

  5. Etudes cliniques
  6. L'étude de Douglas (1983) démontre que la phentermine résinate (15 à 60 mg/jour) administrée à 50 femmes présentant une obésité réfractaire a provoqué une perte de poids en moyenne de 6,7 kg en 20 semaines. Les variations de perte de poids oscillèrent entre 2,2 kg à 28,6 kg.

    Sept patientes furent éliminées de l'étude en raison des effets secondaires, principalement des céphalées. Il n'y avait pas de relation significative entre les concentrations plasmatiques de phentermine et la dose journalière, la perte de poids ou les effets secondaires.

    Une étude comparative entre la phentermine et le diéthylpropion dans le traitement de l'obésité en ambulatoire pendant 12 semaines (Vallé-Jones, 1983) démontre une plus grande perte de poids chez les sujets traités à la phentermine (30 mg/jour) que chez ceux traités avec le diéthylpropion (75 mg/jour). La plus grande différence apparût dans les quatre dernières semaines du traitement (ce qui suggère que l'effet de tolérance puisse se développer plus rapidement avec le diéthylpropion qu'avec la phentermine), cependant, cette étude réalisée en double aveugle n'a pas été publiée.

     

  7. Métabolisation.

      Il existe peu de renseignement sur la métabolisation de la phentermine. Cependant, à partir des exemples précédents, il en découle que :

      1°) les phényléthylamines alpha-méthylées étant résistantes aux monoamine-oxidases, la phentermine est donc insensible à ces enzymes et donc son catabolisme n'est pas influencé par les IMAO.

      2°) La phentermine pourra être hydrolylée soit sur le cycle benzénique soit sur le carbone 2 de la chaîne éthylamine. Cette deuxième possibilité n'est pas évidente car ce carbone est peu accessible stériquement car il est situé entre un benzène et un carbone diméthylé.

      Le métabolisme de la phentermine et de tous les autres anorexiants présentés dans cet exposé est donc dépendant des hydroxylases.

      Dans le passé, les études épidémiologiques de Gutner ont révélé qu'il n'existait pas pour ces molécules de trouble phénotypique de l'hydroxylation (comme pour la phénytoïne)

      A dose thérapeutique, la phentermine ne provoque pas ou peu de libération de sérotonine par les plaquettes. Elle n'inhibe pas la recapture de la sérotonine notamment au niveau artériolaire pulmonaire, siège principal de la détoxification de la sérotonine. En conséquence, son interférence sur le métabolisme de la sérotonine ou des fenfluramines n'est pas possible.