Docteur Jean AROUETE

Chef de Service Adjoint de Dermatologie Fondation Rothschild
Secrétaire Général de la Société Française de Médecine Esthétique
Président honoraire de la Société Française de Chirurgie Dermatologique
Vice-Président de la Société Française du cuir chevelu
Membre de l' International Society for Dermatologic Surgery ( ISDS)
Membre Associé de la Société Française de Chirurgie Plastique et Esthétique
Membre de la Société Française de Dermatologie


LES COMPLICATIONS DE LA CHIRURGIE DE LA CALVITIE
Jean AROUETE

Les procédés qui sont proposés pour corriger les calvities et autres
alopécies notamment post traumatiques ou chirurgicales sont multiples.
Exposer les différentes complications pouvant survenir, c'est permettre de
faire un choix parmi ces différents procédés et finalement de ne retenir que
ceux qui allient efficacité et absence de complication ou complications
rares et légères.

La liste non exhaustive de ces complications comporte

1/La chirurgie lourde

a/ les complications des lambeaux
- le lambeau de Juri – le lambeau vertical
- la souffrance et la nécrose du lambeau
-les cicatrices des zones donneuses
b/ les complications des grands lifting du cuir chevelu
c/ les complications des expandeurs

2/La chirurgie moins lourde

a/ les réductions de calvitie
b/ les extenseurs

3/La chirurgie absurde

a/ les complications des cheveux non vivants
- les cheveux naturels implantés sans la racine
- les cheveux synthétiques en nylon (cheveux japonais )
- les postiches accrochés par suture transcutané
b/ Les ligatures vasculaires
c/ Les aponévrotomies
d/ Les interventions sur le système sympathique
e/ Postiche par fixation transcutanée

4/La chirurgie légère : les complications des greffons

a/ les greffons en cheveux de poupée
b/ les greffons proéminents
c/ les cicatrices hypertrophiques
d/ les greffons pauvres ou sans cheveux
- incorrecte direction du punch de prélèvement
- dessiccation des greffons
- manipulation excessive ou brutale
- greffons trop gros - punch trop rapprochés
- traumatisme au dégraissage
e/ les greffons mal placés
f/ les fistules et anévrismes artério-veineux
g/ Zones anesthésiques par section nerveuse


La chirurgie lourde

les complications des lambeaux: le lambeau de Juri et le lambeau vertical
Les lambeaux de Juri ont été utilisés pendant au moins deux décennies et sans
doute encore actuellement. Ils ont cet inconvénient, qui est une véritable
complication, d’imprimer une barre rectiligne sur le front et de laisser
violemment apparente la ligne d’incision frontale (Fig.1), d’abord parce que
les golfes temporaux ne sont pas respectés et surtout parce que l’émergence
des cheveux a une direction en haut et en arrière, laissant visible une barre
cicatricielle comme un coup de sabre .
Le lambeau de Juri a été suivi par les lambeaux à contre courant ou lambeaux
verticaux initialement décrits par Nataf. Certes, ces derniers types de
lambeaux peuvent donner des résultats satisfaisants, à la condition que la
calvitie n'évolue pas .
Dans le cas contraire ce qui est l’éventualité la plus fréquente et ce qui
est valable pour le lambeau de Juri, et surtout dans les situations très
avancées (stade ultime de la classification de Hamilton) on se retrouvera
dans une situation esthétique ou seuls persistent le ou les lambeaux,
laissant un vide postérieur insupportable (Fig.2 et 3). La transplantation
par greffons, dans la plupart des cas, n'arrivera pas toujours à rattraper la
situation, en raison du manque de matière et de l'impossibilité par
conséquent de couvrir les surfaces de calvitie d'une densité de cheveux
équivalente à celle des lambeaux. Il reste donc parfois une seule solution :
réopérer en replaçant le lambeau dans sa position originelle (Fig.4). Il est
arrivé que le patient hostile à toute nouvelle opération cache définitivement
sa tête par le port d’un chapeau (Fig.5).

La souffrance et la nécrose du lambeau
Indépendamment des complications simplement inesthétiques des lambeaux, il
faut encore signaler la simple souffrance qui entraîne une perte au moins
temporaire et au pire définitive des follicules pileux et plus grave, la
nécrose partielle ou totale du lambeau en dépit de l’autonomisation qui
consiste dans un premier temps opératoire à décoller totalement le lambeau et
à le replacer provisoirement dans son lit d’origine. Le patient se retrouve
avec une nappe cicatricielle, souvent rouge et boursouflée (Fig.6).

Les cicatrices des zones donneuses
Le prélèvement des lambeaux quels qu’ils soient crée une perte de substance
importante qui, pour la combler par rapprochement des deux berges, nécessite
un vaste décollement suivi d’une suture entraînant une importante traction
des tissus. Il en résulte dans la plupart des cas une souffrance de la zone
voire une désunion qui cicatrisera par seconde intention laissant persister
une vaste cicatrice alopécique (Fig.7). Seuls les greffons permettront de
traiter ces plaques d’alopécie cicatricielle post-opératoire. D’autre part,
comme dans tous les actes nécessitant d’importants décollements, hématomes et
infection peuvent venir émailler les suites opératoires.
En guise de conclusion de ces complications des lambeaux, il faut rappeler
cette citation de MARCHAC (1), " …pour un problème esthétique, la calvitie,
on est passé d’un procédé médical simple et non dangereux : la greffe des
cheveux, à un procédé chirurgical ….exposant à tous les aléas du lambeau. "

Les complications des grands lifting du cuir chevelu
Les grands lifting s’apparentent aux réductions de calvitie par le principe
de résection de cuir glabre après décollements, mais ceux-ci sont très
étendus, notamment un large décollement postérieur vers la nuque ambitionnant
de remonter toute la zone occipitale pour diminuer la surface de calvitie
latéralement et en arrière.

Les expandeurs
Les expandeurs sont des ballonnets gonflables que le chirurgien glisse sous
la galéa après décollement étendu, pour distendre la zone chevelue restante
et, dans un temps opératoire ultérieur, l’appliquer sur la zone chauve après
résection de cette dernière.
De telles interventions avec l’énorme surface de décollement qu’elles
imposent font courir les risques de toutes les opérations lourdes et sont des
options déraisonnables lorsqu’elles sont appliquées aux calvities, au regard
de la légèreté opératoire des greffes. En effet, indépendamment des risques
inhérents à l’anesthésie générale, les complications possibles sont :
hématomes, infection notamment lors de la pose de ballonnets, nécroses,
lâchage de suture, pertes de cheveux par traction et décollement (analogue à
celles observées lors des lifting de la face) (Fig.8), cicatrices vicieuses.

La chirurgie moins lourde : réduction et extenseurs.

Les complications des réductions sont rares. En effet, une réduction est en
général suivie de greffes pour couvrir la portion d’alopécie résiduelle et la
cicatrice qui est toujours présente sera cachée par les cheveux greffés. En
l’absence de greffe, la cicatrice s’élargit habituellement du fait de la
tension et de l’élasticité et souvent se creuse tout au long de l’incision
(Fig.9). D’autre part, la réduction tonsurale médiane laisse une ligne
cicatricielle d’autant plus apparente qu’elle amène côte à côte deux zones
chevelues dont l’orientation est inverse (Fig.10).
C’est pour ces raisons que l’idée d’utiliser un matériel extenseur est
venue. Il s’agit d’une lame élastique que l’on arrime par des crochets aux
deux berges de la réduction. Il procure un allongement progressif sur
plusieurs semaines des zones chevelues latérales. Il présente deux
complications possibles : l’une très fréquente, la douleur intense qui
nécessite l’usage de morphiniques, l’autre rare : l’infection. Elle imposera
l’ablation de l’extenseur, un drainage et une antibiothérapie.
Les vastes réductions nécessitant des décollements jusqu’aux oreilles ont été
classées dans la chirurgie lourde avec laquelle elles partagent les
complications.

La chirurgie absurde

Les complications des cheveux non vivants

L'implantation de cheveux inertes a été et est encore proposée,
principalement par des "Instituts capillaires".
Les premières tentatives ont été effectuées dans les années 1960-70,
utilisant les cheveux des patients eux-mêmes (Fig.11 et 12).
L'étape suivante a été le cheveu de nylon fabriqué au Japon, et plus
récemment les cheveux prélevés sur des donneurs volontaires, cheveux
industriellement préparés, gainés pour, soit disant, faciliter la tolérance
par l'organisme. Ces cheveux inertes se comportent comme des corps étrangers.
Il n'existe pas de cas ou de telles implantations n'aient abouti à plus ou
moins long terme au rejet, et parfois avec cicatrices hypertrophiques et
infection chronique du cuir chevelu. L’infection précédant souvent le
rejet, le traitement impose l’ablation de la totalité des cheveux et un
traitement antibiotique prolongé (Fig.13).

Les ligatures vasculaires
Elles reposent sur le concept pathogénique dénué de tout fondement, selon
lequel l’alopécie diffuse et son aboutissement, la calvitie seraient liées à
un excès circulatoire charriant vers les organes cibles des lipides en excès
responsable de l’hyperséborrhée (???) et les hormones androgènes...On
prétendait arrêter les méfaits dus à cet excès circulatoire en ligaturant les
pédicules temporaux superficiels, voire les vaisseaux occipitaux. De telles
opérations n’ont pas vraiment causé de complications sinon d’ordre
psychologique, mais la nullité de leurs effets méritait d’être signalée afin
qu’une telle pratique soit définitivement arrêtée.

Les aponévrotomies et interventions sur le sympathique.
A l’opposé est le concept de l’insuffisance circulatoire qui a amené à
pratiquer des sections de la galéa à laquelle on imputait un effet de tension
mécanique du cuir chevelu sur son support osseux entraînant un ralentissement
des échanges, en quelque sorte une "asphyxie" des tissus.
La sympathectomie périartérielle du pédicule temporal superficiel prétendait
vasodilater le réseau en aval et freiner la calvitie. La conclusion sera la m
ême que précédemment.

Les postiches avec fixation transcutanée sont également l’objet de
complications. L’absence d’hygiène quotidienne entraîne des réactions
dermatologiques à type d’eczéma et de croûtes séborrhéiques. D’autre part, le
fil transcutané, par les portes d’entrée qu’il occasionne est la cause de
fistules suppurées chroniques (Fig.14 et 15).

La chirurgie légère : bandelettes et greffons

Les bandelettes linéaires de cuir chevelu implantées directement sans aucun
découpage ont amené comme résultat des aspects zébrés insupportables. Elles
laissent évidemment dans la zone de prélèvement de multiples cicatrices
linéaires visibles surtout lorsque les bandelettes sont prélevées
verticalement. Lorsqu’elles n’ont pas été placées de façon incorrecte, ce qui
nécessiterait leur déplacement, la pose de greffons dans les intervalles
permettra d’homogénéiser la surface et fera disparaître l’aspect zébré (Fig.
16 et 17).

Les greffons eux-mêmes ont entraîné des complications et des résultats
médiocres qui doivent être considérés comme des complications car ils
provoquent chez les patients des troubles psychologiques importants et ils
imposent des ré-interventions parfois multiples : déplacement de greffons
pour être soit remis à un emplacement correct, soit suivant un angle
d’émergence rectifié.
Les complications possibles des greffons sont les aspects en cheveux de
poupée (Fig.18), les greffons en situation aberrante (Fig.19), soit en ligne
frontale trop avancée, soit ne respectant pas un recul temporal esthétique,
les gros greffons espacés et mal orientés (Fig.20). Il faut encore mentionner
les greffons proéminents dus à une insuffisance de profondeur du site
receveur par rapport à la hauteur du greffons. Il faut ajouter les mélanges
de greffons et de bandelettes implantés sans ordre et en tous sens (Fig.21),
les cheveux frisottants permanents. Ils surviennent lorsque les sites
receveurs ont été insuffisamment profonds. Le chirurgien comprime le greffon
pour le niveler ce qui a pour effet de l’écraser en accordéon et de provoquer
une pousse frisottante définitive qui altère considérablement la qualité du
résultat. Il y a les insuffisances ou les absences de pousse dont les causes
peuvent être une direction d’enfoncement du punch incorrecte lors du
prélèvement , une dessiccation des greffons, une manipulation excessive ou
maladroite notamment un traumatisme au dégraissage ou encore une découpe trop
proche des racines lors de la section du pédicule qui suit la découpe
circulaire .
Enfin, une complication rare doit être mentionnée, l’anévrisme
artério-veineux. Il nécessitera soit une ligature transcutanée en masse, soit
une excision.


La technique de la microgreffe cheveu par cheveu, entraîne assez fréquemment
une complication à l’endroit du prélèvement. En effet, comme pour les
lambeaux, le rapprochement des berges impose un décollement et une suture
sous tension souvent responsable d’une cicatrice alopécique élargie (Fig.22).
De même, la greffe cheveu par cheveu est souvent l’objet de complaintes des
patients soit du fait de l’absence de densité (Fig.23), soit de l’aspect dit
" en file indienne " de la ligne frontale (Fig.24).

Cet exposé sur les complications et les mauvais résultats, dans la chirurgie
du cuir chevelu, doit permettre de choisir les techniques les plus fiables
et les plus légères dans le traitement de la calvitie. et d'écarter toutes
les techniques insensées, les techniques à risque, les techniques lourdes

 

PRINCIPAUX TRAVAUX SUR LES GREFFES DE CHEVEUX

1967 LA PRESSE MEDICALE TRAITEMENT CHIRURGICAL DE LA CALVITIE
1970 ENTRETIENS DE BICHAT PRECISIONS TECHNIQUES
1971 LA PRESSE MEDICALE NOUVELLE TECHNIQUE DE GREFFE
1971 CONGRES IBERO AMERICAIN NUEVA TECNICA
1979 LA REVUE DE MEDECINE TRAITEMENT CHIRURGICAL DE LA CALVITIE
1979 HAIR TRANSPLANT 1st EDITION EUROPEAN INSTRUMENTS
1981 HAIR RESEARCH NEW INSTRUMENTS FOR TRANSPLANTATION
1982 LA MEDICINA ESTETICA NUOVI STRUMENTI
1983 LA PRATIQUE MEDICALE LA GREFFE DES CHEVEUX
1986 SCIENCE DES SOINS CAPILLAIRES TRANSPLANTATION CAPILLAIRE
1986 EDITION ANGLAISE CHAPTER HAIR TRANSPLANTATION
1986 EDITION ITALIENNE IL TRAPIANTI DEI CAPELLI
1986 EDITION ESPAGNOLE TRASPLANTE DE CABELLO
1987 HAIR TRANSPLANT 2nd EDITION SPECIAL INSTRUMENTS
1987 JOURNAL MEDECINE ESTHETIQUE PROBLEMES INSTRUMENTAUX
1987 MANUEL PRATIQUE MEDECINE ESTH LA CHIRURGIE DE LA CALVITIE
1989 MANUEL DE GREFFE DES CHEVEUX MASSON EDITEUR PARIS
1989 JOURNAL MEDECINE ESTHETIQUE CHIRURGIE MODERNE DE LA CALVITIE
1989 DERMATOLOGY IN EUROPE HAIR GRAFTS IN WOMEN
1990 ANNALES DE CHIRURGIE PLASTIQUE CHIRURGIE DE LA CALVITIE
1991 DERMATOLOGY IN EUROPE HAIR GRAFTS IN WOMEN
1991 JOURNAL MEDECINE ESTHETIQUE CALVITIE : GREFFONS OU LAMBEAUX
1992 SOC FRSE CHIRURGIE DERMATO MINIGREFFES DE CUIR CHEVELU
1992 DERMATOLOGIE PRATIQUE GREFFONS VERSUS LAMBEAUX
1993 LA GAZETTE MEDICALE ALOPECIE ANDROGENIQUE DE LA FEMME
1993 SURGICAL DERMATOLOGY MINIGRAFTS IN HAIR REPLACEMENT
1997 BULLETIN D'ESTHETIQUE CHIRURGIE DE LA CALVITIE
1997 INFORMATIONS DERMATOLOGIQUES LES GREFFES DE CHEVEUX
1998 MANUEL PRAT MED ESTH 2è EDIT LES TRANSPLANTS CAPILLAIRES

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